Avec l'aide d'une subvention fédérale de 9 millions de dollars, deux experts de l'université McMaster réimaginent la façon dont les lieux de travail canadiens peuvent mieux accueillir et accommoder les travailleurs handicapés.
Emile Tompa, du département d'économie, et Rebecca Gewurtz, de l'école des sciences de la réadaptation (SRS), unissent leurs forces dans le cadre d'une initiative de six ans appelée Conception inclusive pour l'accès à l'emploi (IDEA).
Contrairement à d'autres, Tompa et Gewurtz adoptent une approche novatrice. Plutôt que de se concentrer sur le développement des compétences des personnes handicapées, leur laboratoire d'innovation sociale s'attachera à renforcer les capacités et la confiance des employeurs afin qu'ils puissent répondre aux besoins de candidats divers et talentueux. "Nous avons passé des décennies à former des personnes handicapées et à améliorer les possibilités d'emploi en nous concentrant sur l'individu, mais ce qui me motive vraiment, c'est de créer des lieux de travail véritablement inclusifs qui rendent les lieux de travail canadiens plus compétitifs", a déclaré M. Gewurtz, professeur agrégé au SRS.
"Nous n'essayons pas de réinventer la roue", a déclaré M. Tompa, chercheur principal à l'Institut pour le travail et la santé et professeur associé au département d'économie.
"Nous voulons que les employeurs dépassent leurs appréhensions, telles que les préoccupations liées aux exigences de la législation gouvernementale ou les craintes quant à ce qu'il convient de faire si un employé potentiel handicapé ne donne pas satisfaction. Tout cela fait partie de la stigmatisation que nous essayons de combattre".
Tompa et Gewurtz estiment tous deux que les lieux de travail innovants prennent en compte la flexibilité dans la manière, le lieu et le moment de travailler - horaires flexibles, possibilité de travailler à distance, différentes manières de communiquer et de se connecter avec les collègues - ainsi que les modifications de l'environnement de travail. Les employeurs ont également besoin de politiques de ressources humaines solides pour accueillir les personnes handicapées.
Remédier à la pénurie de main-d'œuvre
Leur laboratoire d'innovation sociale comprend trois pôles principaux et deux pôles incubateurs transversaux constitués de groupes de chercheurs et de partenaires communautaires. Les trois pôles principaux sont
- Systèmes et partenariats sur le lieu de travail,
- Systèmes d'aide à l'emploi et
- Transitions vers le travail et développement de carrière.
Les deux pôles transversaux sont l'environnement et le design inclusifs, et les technologies de rupture et l'avenir du travail. Tous les pôles impliquent conjointement des chercheurs et des partenaires communautaires.
Les équipes des centres d'excellence co-concevront et piloteront des solutions pour le lieu de travail en vue de leur utilisation sur le terrain, en les adaptant et en les élargissant à l'ensemble du Canada, le cas échéant. Le laboratoire IDEA se concentrera sur des activités telles que l'élaboration d'orientations et de ressources pour la planification de l'accessibilité du lieu de travail et l'établissement de rapports, l'accompagnement professionnel et le soutien global, et les transitions harmonieuses des nouveaux arrivants sur le marché du travail pendant la période de transition entre l'école et le monde du travail.
De nombreuses personnes handicapées vivent actuellement dans la pauvreté et dépendent de l'aide sociale, et beaucoup d'entre elles souffrent d'un manque de logement et d'un emploi stable, ce qui fait d'elles des "citoyens de seconde zone". Pourtant, nombre d'entre elles souhaitent travailler, possèdent des compétences précieuses et pourraient apporter une contribution importante au marché du travail. M. Tompa estime qu'une formation réussie des employeurs à l'accueil des travailleurs handicapés sera bénéfique pour la société. Des lieux de travail plus inclusifs permettront à la fois de remédier à la pénurie de main-d'œuvre qui sévit au Canada et de réduire la pauvreté, la dépendance et la marginalisation des personnes handicapées. Des facteurs tels que le sexe, l'orientation sexuelle et l'appartenance à une minorité raciale peuvent également contribuer à leur marginalisation, de sorte que l'intersectionnalité constitue un autre élément clé pour les chercheurs et les partenaires communautaires.
Avantages économiques
"Si nous incluons les personnes handicapées sur le marché du travail, et si nous leur accordons les mêmes taux d'engagement et de rémunération qu'aux autres, le Canada augmenterait son PIB de 3,2 %, selon les chiffres de 2017", affirme M. Tompa.
Tompa et Gewurtz font partie de la première cohorte de chercheurs à recevoir un financement de la NFRF. Ils font partie des sept groupes qui recevront un financement de la NFRF d'un montant total de 144 millions de dollars entre 2021 et 2027. Les six autres projets soutenus par la NFRF comprennent des recherches sur les greffes d'organes de nouvelle génération, la réparation de la moelle épinière, la réutilisation des sous-produits marins, le traçage de la biodiversité, la bioconservation pour améliorer la santé et le bien-être des autochtones, et la protection des surfaces métalliques.